Sébastien Racle fut d'abord un missionnaire jésuite, un évangélisateur, un Français, un Comtois; il devint un Abénaquis. Racle est né à Pontarlier en 1652, en Franche-Comté. Au terme de ses études, le jeune jésuite quitte La Rochelle pour la Nouvelle-France où l'attend un destin extraordinaire. En 1689, à peine arrivé à Québec, il s'initie aux langues amérindiennes, puis il part en mission au pays des Illinois. En 1694, il fonde la mission abénaquise de Narantsouak (Old Point, South Madison, Maine) sur les bords du Kinibeki (la Kennebec). Il ne quittera plus ce peuple du soleil levant, liant son destin au leur. En 1705, il échappe de justesse aux troupes anglaises et doit revenir avec les Abénaquis dans la vallée du Saint-Laurent où il établit la paroisse de Saint-Xavier, à Wôlinak, proche de Bécancour. En 1711, avec des Abénaquis, il retourne sur les bords du Kinibeki. Racle fut à la convergence des forces coloniales qui se disputaient les terres de migrations traditionnelles des Abénaquis. Par sa présence auprès d'eux, le père Sébastien Racle fut amené à exercer un rôle déterminant dans le sort de l'Acadie et de la Nouvelle-France. Le missionnaire, dont la tête avait été mise à prix par les Anglais, mourut lors de l'attaque d'une troupe de soldats de la Nouvelle-Angleterre et de Mohawks en août 1724 en même temps que plusieurs dizaines d'Abénaquis de Narantsouak, ses compatriotes d'adoption. Au terme de plus de six ans de recherche, Jean-Louis Grosmaire présente ici une biographie solidement étayée où s'expriment ceux que généralement on n'entend pas et qui, eux aussi, forgent l'Histoire : les compagnons anonymes de route et de vie du père Sébastien Racle.